D’abord, tendresse. À toi qui a accueilli ton bébé précédent par césarienne et qui se prépare à accoucher vaginalement, j’aimerais te dire…. je t’aime et t’admire. Beaucoup. Et je t’honore. 
Désirer un accouchement vaginal après csarienne (AVAC), ça mérite beaucoup de tendresse et de présence. Ça demande beaucoup de courage . Pourquoi ?
1- Parce que l’autre fois d’avant, tu as vécu une césarienne. Ce vécu, il est important. Certaines femmes la vivent très sereinement, accueillant leur bébé dans la joie. Si cela est ton cas, j’en suis profondément réjouie. Oui, parce que ce qui me porte à être doula, c’est d’accompagner les femmes et leurs partenaires à vivre l’arrivée de leur bébé avec le plus de joie et de satisfaction possible. Mais sinon..
Ce n’était, fort probablement, pas ton plan A. Peut-être as-tu eu peur. Peut-être as-tu eu l’impression de t’être fait enlever ton bébé ? Peut-être aussi as-tu été d’abord soulagée; que ce soit fini, que ton bébé soit enfin né. Peut-être as-tu été déçue? Peut-être as-tu l’impression de ne pas avoir pu tout faire, tout essayé avant de partir en chirurgie?
Dis-moi, as-tu trouvé une oreille capable d’entendre ton vécu ? Quelqu’un capable de t’honorer dans ce vécu ? Sans banaliser en te répondant que l’important c’est que ton bébé soit bien ? Entendons-nous… il est évident que la priorité doit être mise sur la santé de la mère et du bébé lors d’un accouchement. Mais l’ambivalence existe. On peut simultanément rationaliser le déroulement d’une césarienne ( »de toute façon il était trop gros » / » si c’est ça que ça prenait » / »Au moins j’ai mon bébé en santé ») et en être profondément triste. C’est possible. Et normal.
2- C’est normal, parce que nous les femmes, nous vivons un des plus importants passages de nos vies en accouchant. Cette expérience est véritablement fondatrice. Elle détermine un peu qui nous sommes ensuite. Elle nous transforme, nous valide dans notre compétence de femme. Et très loin dans les profondeurs de notre inconscient, on associe souvent notre capacité à être femme, être mère, avec notre capacité à accoucher. C’est de là qu’elle part, cette tristesse que tu sens peut-être quand tu penses à ta césarienne. Des profondeurs.
Et le danger, maintenant que tu envisages ton prochain accouchement, c’est que tu aies intégré le »je ne suis pas capable d’accoucher ». Il faudra mettre un peu de présence dans tout ça, revisiter ton accouchement précédent et le comprendre un peu, pour ensuite tout mettre en place pour que ton corps, au prochain accouchement, puisse s’exprimer totalement dans sa magie de femme qui accouche. Et ça, c’est courageux.
PRÉPARER TON AVAC, C’EST…
1- Comprendre ta césarienne;
As-tu bien compris ce qui s’est passé lors de ton accouchement précédent? Il t’est possible de demander une copie de ton dossier, pour recadrer dans ton intellect cette journée importante. Et donner un sens à ton vécu. Cela va t’aider à cibler tes besoins pour l’accouchement qui s’en vient.
2- Soigner et aimer ta cicatrice;
Ah oui. Si tu ne l’as pas encore beaucoup regardé, regarde-la. Masse-la. Va la faire traiter en ostéo pour en éliminer toutes les possibles adhérences. Ton coco qui est né par là, il est probablement bien intéressé à se faire raconter sa naissance. Raconte-la. Après tout, c’est par là que ce petit trésor est né, cette cicatrice mérite tous les hommages. À ton rythme …
3- Garder (reprendre) contact avec ton corps, à tous les jours.
Je sais, je sais, avec d’autres enfants il n’est pas toujours facile de se réserver du temps pour être seulement dans son corps. Mais il faut le faire. À tous les jours, 5 minutes de respirations profondes, dans un endroit qui te calme, ça fera déjà une énorme différence. S’il le faut, sors de chez toi 😉 Tu as envie de faire du yoga ? Vas-y, c’est un des plus beaux cadeaux que tu peux te faire.
4- Sentir et mettre en place ce qu’il te faudra pour te sentir en sécurité lors de ton accouchement.
Oui. C’est important pour toutes les femmes qui accouchent. Pour tous les animaux, en fait. On ne met pas nos petits au monde entourée de prédateurs.
Tu veux des idées ? Voilà:
- Limiter les conversations ( si.len.ce.)
- Éviter de te faire ré-expliquer les risques d’un AVAC pendant ton accouchement
- Utiliser toutes les options de soulagement naturels; bouge ( !!!), roule sur le ballon, marche, profite de la chaleur dans ton dos, de tendres ou vigoureux massages, suspends-toi, prends un bain…
- N’oublie pas de baver sur ton oreiller entre les contractions ( je veux dire de te détendre, évidemment. Mais j’aime bien cette image de bave. C’est assez clair 😉 )
- Entoure-toi de ceux que tu aimes, qui ont confiance en toi et qui te calment.
5- Garder CONFIANCE.
- Confiance en tes possibilités d’accoucher vaginalement. Ce n’est pas toujours si simple. Une fois ta décision prise de préparer un AVAC ( décision qui devrait se faire en étant bien informée des avantages et risques d’une autre césarienne ET d’un AVAC), il n’est plus nécessaire de revenir là-dessus à chaque visite médicale. C’est qu’à chaque fois ta confiance pourrait en être ébranlée. Juste pour t’aider un peu… la SOGC* recommande »l’essai de travail » pour les femmes ayant précédemment vécu une césarienne et en l’absence de contre-indications ( présentation de bébé trop risquée, insertion placentaire particulière, etc) et l’INSPQ ** estime de taux de succès à 75%. Tu sais ce que ça veut dire ? Qu’il n’y a pas plus de césariennes faites pour les femmes qui vivent un accouchement après une césarienne que pour toutes les autres. Hé.
- Répète-toi, lors des moments de doutes, que cette histoire est une nouvelle histoire. C’est-une-nouvelle-histoire.
- Confiance en le processus de l’accouchement. Si tu te sens en sécurité et que le contexte autour de toi te permet de partir complètement dans ta bulle avec ton bébé, ton corps fera son travail. Souvent, les femmes qui vivent un AVAC disent être restées incertaines de leurs capacités jusqu’à ce qu’elles aient franchi le stade où elles étaient parties pour le bloc opératoire auparavant. Peut-être te sentiras-tu comme ça. C’est ok.
- Confiance en ton bébé. Il sait. Il fera ce qu’il a à faire.
Pour finir… les doulas, on adore ça les AVAC. On peut peut-être faire un bout de chemin avec toi. Si tu es dans les Laurentides ou à Montréal, je peux aller te voir et en 3 heures, on peut préparer un peu cet accouchement qui s’en vient.
Si tu as envie d’une pause, d’un rituel pour t’honorer, te faire bercer, soigner, bercer, pense au soin rebozo avant ton prochain accouchement…
Je peux aussi t’accompagner avant, pendant et après ton accouchement.
C’est mon travail. Et quand je vois une femme traverser ses peurs et réaliser sa force et sa compétence, je pleure toujours un petit peu.
À TOI QUI PRÉPARE UN AVAC, JE T’AIME. ET JE T’ADMIRE, BEAUCOUP.
* INSPQ: Institut National de Santé Publique du Québec
Crédit photo: Genero photo