Cher tout –le-monde qui entoure une femme qui se prépare à accoucher ;
Je t’écris aujourd’hui en chuchotant.
Je voulais te demander ; la prochaine fois où tu rencontreras une femme qui se prépare à avoir un bébé, de rester poli.
Sois poli, abstiens-toi de raconter l’histoire de la voisine du cousin qui a été complètement traumatisée par son accouchement.
Sois poli, surtout affirme ta confiance en cette femme qui visualise son accouchement comme un événement « bâtissant », « renforçant ».
Je t’écris aujourd’hui pour te confirmer ta grande importance dans le vécu de cette naissance qui s’en vient. Ce que tu dis, ce que tu penses pourrait influencer la naissance de ce bébé. Et oui.
Rappelle-toi..disons… ou une performance sportive, ou le spectacle de théâtre de fin d’année … et bien imagine qu’à ce moment, tout-le-monde qui t’entourait t’aie dit :
« Oui, ben l’autre jour, Gaston, il n’a pas pu dire un mot pendant la représentation, il a été trop stressé et tout-le-monde l’a sorti de scène sur une civière, il était en état de choc…mais c’est bon, essaie si tu veux… »
Ou encore :
« En courant, Hector il s’est déchiré un tendon. Il n’aurait jamais du la faire, cette course, ç’aurait été plus prudent ».
Comment aurais-tu abordé ton expérience, ensuite ? Probablement un peu ébranlé, moins confiant… et de toute façon, qui oserait encore affirmer que l’état d’esprit ne change rien à la façon dont on s’embarque dans un nouveau défi ?
Ton importance, tout-le-monde, elle est vraiment plus grande que tu ne le penses. Si la mère arrive au jour de son accouchement la tête (déjà, il serait mieux qu’elle en sorte, de sa tête, pour accoucher…) pleine de peurs, son corps secrétera des hormones de stress qui empêcheront celles qui la feraient accoucher de se mettre en place.
« Les hormones dépendent de l’état émotif de la mère » – Ina May Gaskin*
Peur=stress=arrêt des contractions.
Peur=tension=douleur.
Infiniment fragile.
Imagine à l’inverse ;
Une femme s’avance, le ventre et les seins ronds comme de beaux fruits murs…et avec toi, elle ose parler de ce qui, sans doute, occupe ses pensées la nuit comme le jour ; son accouchement qui est pour bientôt. Elle s’ouvre.
Si, avec bienveillance, toi tout-le-monde tu accueillais ses pensées.
Si tu lui disais que son corps est parfait. Parfait dans ce qu’il est et dans ce qu’il fait. C’est extraordinaire, la fabrication d’un bébé, et sa naissance l’est autant !
Si, avec douceur, tu lui disais qu’elle a le droit de se sentir en sécurité pour accoucher… Qu’elle a le droit de s’entourer des personnes qui la font se sentir capable…
Qu’elle fait bien de s’informer pour reconnaître la normalité pendant son accouchement…
Alors, elle repartirait avec son bedon, calme et confiante.
Si tu pouvais, aussi, entendre un récit d’accouchement d’une femme qui en est sortie plus forte, plus grande. Cherche un peu, tu verras il est juste à côté, ce récit. Et bien celui-là, sois poli et partage-le.
Si, par bonheur, tu as l’honneur d’être à côté de cette mère pendant la naissance de son enfant ;
Regarde-là, écoute-là, suis-là. N’aie pas peur.
Oh, cette intensité.
Cette animalité. Regarde-là. Elle est là et cette mère a besoin d’être accueillie dans cet état.
Chaleur. Confiance. Pénombre. Confiance. Silence. Confiance. Confiance.
Une dernière petite chose, cher tout-le-monde :
Entre nous, sois poli ; choisis bien ces images que tu mets dans la télé des femmes enceintes…
N’OUBLIE PAS : » FAIRE PEUR À UNE FEMME, C’EST FACILE » – Ina May Gaskin*
« NOUS AVONS UNE RESPONSABILITÉ SOCIALE DE SOUTIEN ENVERS TOUTES LES FEMMES » – Isabelle Brabant, Une naissance heureuse, p.43
*Conférence TEDx Ina May Gaskin: « Reducing fear or birth in U.S culture” :