En expliquant mon métier aux gens qui sont curieux de le connaître, il vient toujours le moment où j’aborde la période de garde.
Alors, l’attention se dissipe un peu ; ce qui interesse en général, c’est les cours prénataux ou les techniques que je peux utiliser pour aider la mère à traverser ses contractions. Ce que je fais. Moi aussi, ça m’intéresse…mais attendez, la garde, ce n’est pas rien.
C’EST REMPLI D’AMOUR, UNE GARDE.
Il y a ce qui se dit bien dans un salon :
– Je suis de garde jusqu’à 5 semaines pour un accouchement.
– Tout au long de cette garde, je fais le plein :
˚D’essence
˚Dans mon cellulaire
˚De bouffe au congélo, pour les repas de mes enfants servis par des gentils pendant mon absence.
˚Dans mon sac de doula ( des millions de trésors !)
˚De couvertures et d’oreillers dans mon auto pour les retours d’accouchement loin de chez moi, quand le manque de sommeil l’emporte…
˚De sommeil, justement. Pas de chance à prendre. Mon métier, c’est offrir mon support physique, émotif et psychologique à la mère pendant 30 heures, s’il le faut.
Puis, ce qui se dit moins souvent :
– Pendant que je fais le plein….
Je me sens remplie d’amour : de calme, de confiance. De présence. C’est en faisant mes préparatifs que je commence à plonger dans l’énergie de la naissance. Que je flirte avec les états d’accueil, de vigilance, de respect, de patience qui seront les miens pendant cet accouchement à venir.
– Pendant que je fais le plein…
Je me branche avec ce que je connais de ce couple, de cette femme. Ceux qui m’ont invitée à la naissance de leur bébé. Me reviennent alors cette conviction que j’ai entendue, cette volonté, cette curiosité, cette ambivalence aussi, cette vulnérabilité entrevue une ou deux fois…et parfois j’ai une image de ce que pourrait être leur histoire d’accouchement. Mais, ne vous méprenez pas ; s’il existe un moment impossible à prévoir, c’est bien celui-là. Alors, quand mon mental commence à projeter ou analyser, je lui fais un petit sourire en coin et lui dis de s’occuper plutôt du budget.
C’est à mon instinct et mon intuition que revient le rôle de support principal.
C’EST REMPLI D’AMOUR, UNE GARDE.
Parce que j’ai trois belles filles, tout un village attend la naissance de ce bébé qui se prépare. Des volontaires pour le retour de la garderie, d’autres pour la nuit parfois, d’autres pour le retour de l’école… j’ai moi aussi besoin de support pour offrir le mien. Et ça, ce n’est pas rien.
C’EST REMPLI D’AMOUR, UNE GARDE.
Parce que je suis convaincue de l’importance de répondre aux besoins de sécurité et d’intimité de la femme qui va accoucher, je tente de garantir ma présence. Bien entendu, dites-vous. Attendez, ce n’est pas rien :
Je reste dans le coin pour toute la période de garde ( heureusement, j’adore mon coin !)
Je distancie les accouchements raisonnablement. Trois accouchements prévus la même semaine, pas pour moi. (Ce qui a une incidence financière, mes amis). Je tiens à être présente de corps et d’esprit.
Je prends soin de moi. Ça, c’est une chance. Mon métier m’impose un mode de vie sain, un ralentissement global…belle chance, oui.
J’accepte de vivre avec l’imprévu. J’accepte d’accompagner mes enfants dans leur vécu de cet imprévu.
C’EST QUOI, SI CE N’EST PAS DE L’AMOUR ?
C’est si bien raconté, tout ça!
Quelles belles paroles ❤
Merci de votre témoignage, éclairant et semant plein de réflexion à une accompagnante en devenir!